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PROLOGUE

Smoke on the water

Durée de lecture estimée : 10 mn [16 mn à haute voix] – Lisibilité : 33/100

Le connétable du Brenne, Moran Zuiker, passait amoureusement sa palme calleuse sur la tête cuirassée du futur « Splendeur d’Orient » ; monstrueux bélier voué à fracturer tout un tas d’obstacles plus ou moins fortifiés, à l’instar des forts et des défenses de Rocaméda. Le hurlement du dieu hirsute du Destin l’extirpa brutalement de sa rêverie guerrière tout en le faisant méchamment sursauter. En se retournant vers la source du barouf, il croisa le regard dépité de son sergent-major.

L’impact du premier train de secousses telluriques l’arracha violemment à sa relative torpeur, le forçant même à exécuter un pas de côté. Ce faisant, l’énorme poutre qui venait de rompre avec l’engin de levage auquel elle était jusqu’alors assujettie manqua de peu le crâne dégarni de l’officier ébranlé. Pris subitement de remords, Valancio se ravisa. Aussi, l’immense barrot, rebondit-il vicieusement pour venir s’immobiliser, du coup, sur le moyennement fortuné connétable, après l’avoir envoyé au tapis pour le compte, et non sans lui avoir préalablement broyé une jambe.

« Voilà qui est raisonnablement plus équitable… » commenta l’éminent manipulateur, alors que Miroslav Silfir se portait au secours de son supérieur coincé inconscient sous une panne particulièrement malveillante. 

Tandis que le major roux achevait de rameuter à la rescousse de l’officier blessé les volontés passablement sidérées, la brume opaque aux corrosifs relents sulfuriques engloutit tout.

De nombreuses quintes de toux, quelque peu convulsives, vinrent aussitôt se mêler aux cris d’alarme, de douleur et d’effroi des humains prisonniers de la gangue toxique. Valancio profita de l’occasion pour fausser compagnie à ses gardiens quasi cyanosés. Les nœuds censés entraver l’iconoclaste barbu étaient bien trop normaux pour espérer résister à l’omnipotence divine de l’individu. Pour autant, loin de fuir la zone, l’auguste branleur prit au jugé, quoique d’un pas décidé, la direction de la roulante. Sans hésiter, il se dirigea vers la dépression invisible au creux de laquelle étaient concentrés tant les tentes du mess que l’ensemble des composés les plus lourdement nocifs dégazés tantôt par l’Axyrol. Contournant la cantine désertée, il tomba sur le corps sans vie du second espion de la Vipère. Par acquit de conscience, il gratifia d’un vicieux pointu de sa botte gauche, l’une des parties hypothétiquement les plus sensibles de la dépouille de l’asphyxié.

« Et de deux ! Voilà une bonne chose de faîte !… Le brouillard de la guerre ayant subtilement accompli ses œuvres, il ne me reste plus qu’à reprendre le cours naturel de ma quête… tout comme mon chemin en direction de la fière Shokyl. »