Varahul

Le dieu des Aveuglements, aussi connu sous les sobriquets résolument peu engageants de : « la Bête », « le Sang », « la Fureur », « la Folie », « la Guerre » ou « la Confusion ». Ce monstre à la cervelle distordue par une folie furieuse excessivement primaire voit sa fonction première se borner au règlement radical du moindre problème par un salutaire recours au génocide aveugle. Exécuteur suprême devant Arhune et l’Éternité, Varahul demeure sans réel égal en combat singulier. Seigneur des Princes démons et de leurs minions : Déchus, Nédélitis, Singuliers, Premiers, Hurleurs, Pourfendeurs, Monstres, Rejetons, Exaltés, Convives et Larves, il règne sur l’Amfhal, terminus ardent des démons et des âmes damnées. À ce titre, il constitue le meilleur bras droit, excessivement armé pour le coup, de l’autonommé Banur dit « le Jeune », le non-H « sartrophile » et « sartromorphe » appelé à succéder sur le trône céleste à son vieil ami Banur dit « l’Ancien », alias Valancio, maître du Destin et Dieu des dieux tant en exercice qu’en rupture de ban.

Extraits & Citations :

« Qu’en penses-tu, Varahul ? s’enquit, le pseudophilosophe.

— Oh, nous, vous savez ? répondit l’interpellé d’une voix terriblement rocailleuse, après avoir retiré un cigare monumental de sa bouche, et, avant d’émettre, en guise d’haleinée, quelque mini nuage pyroclastique. Faisant office de bourreau et d’exécuteur en chef, poursuivit-il, nous évitons soigneusement de nourrir quelque opinion que ce soit sur tout ce qui fut, est et sera. Il serait évidemment déplacé, fâcheux et pour le moins assez peu professionnel que nous en venions à nous poser des questions à l’heure où, par votre grâce, il nous serait donné d’éradiquer l’Humanité ! »

Hormis le foulard de soie rouge noué élégamment autour de son cou taurin, au demeurant délicatement assorti au reste du mobilier de la suite, le colosse monstrueux s’affichait, le plus souvent, torse nu, moulé dans un très avantageux pantalon de cuir noir, surmontant une longue paire de bottes à l’éclat ténébreux, battue par les neuf verges sanglantes d’un terrifiant knout négligemment accroché à sa ceinture. Varahul tirait formellement son style vestimentaire barbare d’une fresque, devenue mythique depuis, le représentant sous les traits d’un titan, avide dévoreur de l’Univers. L’œuvre avait été commise, jadis, par un peintre de Sécoris, un rien halluciné et traumatisé après que l’artiste eut été le témoin malheureux d’une des trop nombreuses épouvantables hécatombes perpétrées par l’odieux dieu des Aveuglements. La peinture constituait désormais le morceau de choix de son petit musée personnel des horreurs. Comme aucun miroir n’était, à juste titre, réputé pouvoir soutenir sans dommage son pénible reflet, ce dieu, fléau ultime, ravageur de l’espace et du temps, adorait passer ses quelques moments de narcissisme effréné à reluquer l’ouvrage. Il s’extasiait alors, contemplant durant de longues périodes son éternel sourire, copieusement bardé d’inquiétants crocs. À ce titre, leur proéminence toute particulière n’était pas sans évoquer quelques sauvages et sinistres rivages déchiquetés par de redoutables pitons entre autres écueils minéraux.