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PROLOGUE

La Mort lui va si bien

Durée de lecture estimée : 21 mn [36 mn à haute voix] – Lisibilité : 34/100

Panlingénésie, résurrection et horlogerie funèbre…

Prélude funèbre au conseil des dieux…

La Connaissance, la Justice et la Mort conjurés…

À perte de vue s’étalait la vaste plaine morne et cendreuse du plan de la Mort. Les ténèbres sans texture et sans fond qui en coiffaient la surface désertique étaient à tout instant lacérées par plusieurs milliers de raies ardentes, substantifications locales d’ultimes feux existentiels. Au terme de leur voyage interplanaire, chacune de ces trajectoires devenait irrémédiablement captive de l’ergosphère d’une singularité primordiale, vers le centre de laquelle elle convergeait selon un tracé foncièrement géodésique. Par-delà l’horizon des évènements de ce maelström multidimensionnel à l’envergure située bien au-delà de toute commune mesure, se trouvaient, nichés en son cœur, parmi les plus étranges et fabuleux des artéfacts. L’objet, dans sa projection tridimensionnelle, apparaissait pareil à quelque formidable machinerie toute en rouages, pignons, tiges, barillets, rochets, pistons, oscillateurs, résonateurs et échappements. Le tout actionnait tout un jeu atrocement complexe de miroirs et de lentilles. Chaque trajectoire terminale était piégée par cet automate lustral. Dès lors, l’engin merveilleux œuvrait à leur dissection méticuleuse en un bouquet infiniment multicolore de rais cohérents, aussitôt triés par nature et recombinés en une palette de pinceaux, ensuite agrégés en un faisceau de jets, in fine focalisés vers les cinq colossaux diamants orientables enchâssés au centre d’une titanesque étoile en rhodium iridié. Ces souvenirs, raffinats issus de la diffraction ultime de chaque trajectoire existentielle au travers de ces cinq « prismes de Vérité », étaient dirigés vers l’une ou l’autre des innombrables cellules platinoïdiques qui tapissaient les parois du « Puits des Âmes », y gravant pour l’éternité, et par sublimo-condensation fermio-majoranique, ce que les dieux appelaient les archives des « Vanitatem Vitae ». Ainsi purgée des pensées rémanentes, la trajectoire essentielle poursuivait son plongeon vertigineux vers les tréfonds du gouffre insondable. Elle venait grossir l’Aliaë, le puissant fleuve éthéré qui, après quelques fort méandriques divagations, se muait au final en une majestueuse cataracte de nues tumultueuses se perdant dans l’immense collecteur des âmes en attente de réincarnation. En lisière de la lèvre inférieure du monstrueux abîme, un couple d’humanoïdes observait en silence le ballet prodigieux de la titanesque machinerie divine. La haute silhouette masculine, monocle vissé sur l’orbite droite et burette de graissage d’argent à la main, apparaissait aussi froide, rigide et sinistre que semblait chaleureuse, gracile et avenante sa blonde, sublime, quoiqu’un rien évanescente, consœur. Toutes deux se tournèrent soudain de concert vers la cellule numéro deux de la vingtaine de niches platinoïdiques capables de capturer à elles seules, la totalité des harmoniques existentiels : pensées et mémoires, réussites et échecs, peines et joies, frustrations et passions… d’une vie vieille de plusieurs milliards de cycles divins.

« Avez-vous pu localiser sa sépulture ? demanda la belle Anya, délicieusement travestie d’un pantalon moulant de jodhpur blanc glissé dans de fines bottes noires et surmontées d’une affriolante chemise à jabot diaphane, fort généreusement échancrée jusqu’au nombril.

— La tombe est située dans le cimetière royal, répondit l’inquiétant Catharsis. Bien qu’il ne reste de sa dernière incarnation que quelques rares ossements passablement poussiéreux, nous disposons de tout le nécessaire pour assurer sa résurrection. J’ai pris la liberté d’anticiper le démarrage du processus de restauration charnelle. Lorsque le nouveau corps sera fin prêt, vous n’aurez plus qu’à lui redonner vie.

— Fort bien ! Il ne nous reste plus, dès lors, qu’à attendre… ce que, du fait de notre essence, nous faisons assurément le mieux… »

Catharsis, la face aussi sombre qu’impénétrable, dévisagea la sublime gardienne des âmes. Anya se figea soudain.

« … Notre déesse tutélaire vient de me donner l’ordre de ressusciter le dénommé Nassim, s’étonna-t-elle.

— Ne devions-nous pas nous consacrer à la palingénésie de madame la sœur cadette de notre déesse ?

— Il n’y a guère d’ambiguïté sur l’urgence de l’injonction de Mirawen. Je dois procéder sur le champ au lever de sa sépulture, répondit Anya. »

La jeune favorite de la déesse de la Mort claqua des doigts. Les cinq prismes monumentaux s’activèrent illico.

« La vie de ce péquin est archivée en cellule Quattuorvigintillion B vingt-quatre cent seize. Je procède donc au tirage de sa plaque platinoïdique », marmonna sombrement l’éminent anti-croquemort en astiquant son lorgnon au revers de sa lugubre redingote. Aussitôt, des tréfonds du gouffre sans fond, parvint l’écho de l’ouverture d’une chambre mémorielle. Un bras articulé surgi de la machinerie divine plongea dans sa direction afin d’y collecter le négatif mémoriel du peu glorieux passé d’un honnête paysan-rebouteux. Muni du masque-matrice concerné, le bras arachnéen réapparut soudain. Avec une célérité qui le disputait en prodigieux à la précision du geste mécanique, l’arachnoïde iridescente plaça la plaque platinoïdique en ciblage direct du prisme qu’Anya, d’un geste gracieux, venait de mettre en mouvement. La gardienne des âmes invoqua quelque hermétique formule thaumaturgique dont elle seule avait le secret. Aussitôt, et contre toute attente, un rai de lumière surgit de l’Aliaë. Le rayon s’éleva le long du puits des âmes, passant en revue l’infinité des cellules mémorielles qui en tapissait les parois, pour venir traverser à rebours l’alignement polarisant des cinq diamants et finir par frapper la plaque mémorielle ciblée. Après réflexion, le faisceau incident disparut dans les entrailles de la « mirabilium machina » les quelques chronons nécessaires à la recombinaison finale de l’âme et de la mémoire du désormais, ex-défunt.

« Vraiment, du bien bel ouvrage que tout ceci… s’extasia froidement Catharsis, le regard tourné sur la trajectoire rétrograde qui, jaillissant de l’automate divin, s’échappait de la singularité vers le plan de la Mort, et, au-delà, vers le Réel abritant son ancien réceptacle de chair, en voie dorénavant de décomposition… Toutefois, dame Anya, cet incident imprévu ne risque-t-il pas d’attirer trop tôt l’attention sur nous, et, par la même, de trahir nos visées et nos ambitions ? J’espère que notre Déesse a bien pesé les conséquences de cette décision.

— Qui sommes-nous, vous et moi, pour oser douter de l’éminente sagesse de notre maitresse ? » répondit la blonde Anya en toisant le très guindé exécuteur des hautes œuvres de sa déesse, non sans un soupçon d’une forme particulièrement glacée de mépris. Ce qui ne l’empêcha pas pour autant d’interroger mentalement son amante de corps et de cœur.

« Hum !, s’exclama la gardienne des âmes, soudain perplexe, Mirawen, je cite, “ espère juste que son grand tout-fou de père sait ce qu’il fait ”

— Oh putain, c’est reparti… marmonna, l’impavide et inflexible Catharsis. Nous allons encore devoir naviguer à vue, en pleine bouillasse crasse et au rythme frénétique des improvisations hystériques de Valancio. Ce n’est pas ainsi que nous triompherons de la monstrueuse saloperie qui ose se prétendre notre seigneur et maitre. »

Une fantaisie orographique troublait la morne platitude du plan de la Mort. À sa base s’ouvrait un gouffre ténébreux pareil à quelque goule aussi béante que funeste. La caverne s’enfonçait profondément sous l’étrange mamelon cendreux. Des tréfonds de cette sombre et insondable gargane jaillissait la pâle et vacillante lueur d’un humble flambeau dont les maigres éclats en éclaboussaient les babines et l’orée. Pour le coup, l’ombre d’une silhouette des plus sinistres, vultureusement plantée à l’entrée de la cavité, s’en trouvait démesurément étiré ; une démesure somme toute assez fâcheusement assortie à la pompe, à la perfidie et à l’inhumanité de la créature humanoïde qui lui était associée. Cet éminent fléau, engoncé dans son sempiternel costume trois pièces au motif pied-de-poule d’un beige singulièrement pisseux, fixait les cieux tout en se délectant de la flamboyante agonie d’une de ces glaciales géodésiques qui, vélocement et avant de se sublimer en un vague et diffus souvenir, fendaient la voûte céleste « outrenoir » auréolant ces mornes limbes de ses ultimes feux. Outre l’extrême monotonie du paysage, Banur appréciait tout particulièrement l’ambiance macabre qui nimbait ce sinistre terminus des prétentions. Faisant mine de humer l’empyrée des expirés, le Non-H se laissa gagner par la sérénité lugubre des lieux. Sa méditation fut brusquement interrompue par l’émergence soudaine d’une trajectoire qui, à rebours de ses consœurs et contre toute logique, venait de s’échapper de l’inexorable attraction de la singularité multidimensionnelle terminale formée par le fameux « puits des âmes ». Aussitôt, l’implacable volonté de Banur s’attacha à analyser méthodiquement l’ensemble des caractères du bolide contrariant. Cet examen, aussi minutieux qu’exhaustif, ne lui prit guère plus d’une infime fraction de son attention, le temps d’une ridicule parcelle d’un battement de son cœur postiche. Ceci fait, l’amas gélatineux dépourvu de synapse qui lui tenait lieu de cervelle, se retrouva passablement excité du fait du jaillissement d’une très excentrique, et non moins fort rassurante, impulsion non baryonique venant lui confirmer l’absence absolue de tout danger.

« Mais pour quelle raison, Mirawen vient-elle donc de ressusciter cet humain à l’existence si insignifiante ? Voilà qui alourdit sensiblement les charges auxquelles elle se devra de répondre… »

Après avoir réactivé le contrôle somatique de la piteuse carcasse qui lui servait complaisamment de véhicule, il se remit en route en direction de la grotte. Ce fut d’un pas terriblement décidé qu’il pénétra dans l’abyme. Sans transition notable, il s’enfonça, avec une lenteur des plus pesantes, dans les ténèbres souterraines, bien résolu à surprendre ses prétendus confrères, conjurateurs assurés. Cette catacombe lugubre, taillée à même une veine de marbre noir que non-éclairait en son cœur le flambeau de la torche, constituait le « tombeau des renommées » ; l’une des plus fameuses demeures de la déesse de la Mort. La longue rampe qu’empruntait Banur avait été creusée en forme de langue. Elle conduisait le visiteur, des colossales lèvres grises et ourlées encadrant l’entrée de la caverne, au fond du gosier le plus sinistre où brillait perpétuellement le flambeau de la torche ; fanal à la lueur maladive qui, mainte fois reflétée le long des macabres parois de pierre lisse, apportait l’étincelle du réconfort aux âmes infortunées venues s’échouer sur ces grèves funèbres. Le nouveau maitre du destin s’approcha du mur formant le fond de cet oropharynx minéral. Une fresque composée d’une mosaïque de tessons d’albâtre et d’or en décorait la surface. La pureté aveuglante de l’ouvrage tranchait douloureusement avec l’obscurité laiteuse des miroirs de marbre noir. La composition figurait la lumière enfantant l’Univers au cœur des ténèbres. Après s’être humblement incliné devant l’œuvre essentielle d’Arhune, le Non-H s’enfonça lentement dans la sainte murale jusqu’à s’y dissoudre irrémédiablement. Banur réapparut aussitôt au cœur même de la salle du haut conseil divin. Sans faire plus de cas de l’assistance, il s’accorda le temps de contempler l’immense arène que délimitait une double colonnade de marbre cendreux. Une élégante silhouette féminine, sobrement vêtue d’une toge grise assez tristement assortie à son teint, l’accueillit. Ses cheveux blancs dénoués cascadaient sagement jusqu’à ses mollets. Tout en faisant machinalement rouler entre les doigts de sa main gauche un minuscule grain de sable céleste, la déesse de la Mort s’inclina avec déférence devant celui qui, in Valancio absentia, présidait au destin de l’Univers en même temps qu’il régnait sur son panthéon. Ce dernier lui rendit courtoisement la politesse. Après avoir gracieusement réajusté sa toge, Mirawen bascula solennellement le sablier du Temps qui venait d’apparaitre dans sa dextre. Au même instant, quelque part sur Ilrish, la trotteuse du chronomètre de Valancio démarra sa course folle autour de son axe de platine iridié.

« Qu’Arhune exalte votre bonté, mon Ami, l’accueillit, non sans quelque glaciale chaleur, la déesse Grise tout en se portant à la rencontre de Banur.

— Grâce lui soit rendue ! Et… bénie soit votre sagesse… ma très chère amie !

— Vous me voyez surprise, et même proprement ravie de constater qu’enfin, vous semblez vouloir prendre à cœur vos nouvelles attributions… À peine reçue votre convocation au prochain conseil, voilà que vous accourez, déjà, vous enquérir de l’ordre du jour !

— Les raisons de ma visite tiennent moins aux obligations inhérentes au futur dieu des Dieux… qu’aux œuvres immanentes à ma charge de grand inquisiteur !» asséna froidement le Non-H tout en dévisageant torvement la gardienne tutélaire du plan de la Mort.

Mirawen encaissa en silence sans rien laisser paraitre autrement, de la pointe d’angoisse glacée qui venait soudain de la tarauder. Loin d’être submergée par l’émotion, la déesse Fatale se mit psychiquement en garde, bien décidée à défendre ardemment tout ce qu’il lui serait donné de pouvoir sauver de l’oblitération totale et de l’irrévocable oubli.

« Mais avant d’en venir à ce qui m’amène, poursuivit le monstre, j’apprécierais grandement que vous ayez l’amabilité de bien vouloir m’exposer les raisons ayant présidé au retour de la trajectoire du défunt dénommé Nassim en ses terres natales d’Ilrish ?

— Valancio m’a instamment enjoint de relever les cendres de ce guérisseur contadin. À défaut de nouveau canon, et, dans l’attente du jour où… vous serez, vous-même, investi de plein droit de l’ensemble de ses fonctions régaliennes, Valancio demeure le seul détenteur légitime et absolu des prérogatives divines inhérentes à la tutelle du destin. Les édits du Dogme s’imposant pleinement à mon office, difficile, dès lors, de me soustraire tant à mes obligations cardinales qu’à son auguste et infaillible volonté.

— Pour autant, l’inimputabilité de la faute n’exonère pas de la culpabilité ! Je ne retiendrais, toutefois, de cette résurrection insolite qu’une tentative, bien évidente, de diversion… À l’instar, sans aucun doute, de ce nouveau conseil des Dieux, auquel, pour je ne sais quelle raison saugrenue, vous avez eu le front de nous convoquer… Mirawen soutint sans sourciller le regard divergent de Banur.

— En tant que principal garant du Dogme, vous n’êtes pas sans savoir que, conformément à l’alinéa trois de l’article 64 dudit Dogme, je suis seule responsable de l’intendance du Conseil. Tout comme il m’échoit, notamment, et, par ailleurs, d’en fixer avec vous l’ordre du jour, d’en assurer la tenue, ou, dans la mesure du possible, d’en garantir la courtoisie des échanges. Nonobstant, devançant votre prochaine question, je me dois de préciser que l’alinéa trente-deux, du même article 64 garantit l’anonymat du requérant afin de lui épargner toutes éventuelles représailles de la part de ses pairs…

— Voilà qui est forcément bien commode ! Banur fit apparaitre sa pipe ainsi qu’une longue allumette enflammée. Permettez ?

— Faite, je vous prie ! Après tout, si votre Amfhal est un éternel braisier, mon domaine n’est que cendres… 

— Vous êtes, très chère, bien urbaine ! »

Ceci dit, le Non-H porta la bouffarde à sa bouche avant d’en incendier le fourneau.

« J’aimerais tant, voyez-vous ? poursuivit le Non-H en tirant vivement sur sa pipe, pouvoir vous laver entièrement du soupçon de faire ligue avec les lâches traitres qui complotent contre moi… il exhala, en direction de Mirawen, quoique sensiblement au-dessus de son charmant visage un rien plus livide qu’à l’accoutumée, une ineffable bouffée sacrément chargée en suspicieuse ironie, toutefois, reprit-il en dévisageant la Dame grise, la forme particulièrement aigüe de paranoïa, qui à tout instant me taraude, m’empêche résolument de vous considérer comme une amie sincèrement fidèle… et loyale.

— Pour autant, mon soutien ne vous a jamais fait défaut, il me semble ! C’est même ma voix qui fit pencher le vote en votre faveur lorsqu’il nous fallut statuer sur le successeur de mon père.

— Certes ! C’est d’ailleurs parce que je me considère d’abord comme votre obligé, s’inclina le monstre, qu’en “ toute amitié ”, je tenais à partager, de vive voix avec vous, le raisonnement qui m’a conduit à certaines déductions pour ainsi dire aveuglantes de clarté. Si ma démarche s’inscrit résolument dans l’exercice, pour l’heure encore informel, de mes plus hautes attributions, elle n’a aucun autre objet que de me permettre de débusquer les mutins qui, dans l’ombre, en actes ou en pensées, fomentent le reniement du Saint Dogme, et ce faisant, se rendent coupables d’irrémissible apostasie vis-à-vis de l’œuvre suprême d’Arhune… notre Créatrice. Par ailleurs, rien n’interdit, je pense, que l’humble Non-H que je suis, ne s’ouvre de ses conclusions et de ses soupçons éventuels à l’archichambellane du haut conseil divin que vous êtes ?

— En effet, rien ne l’interdit ! Mais compte tenu de la nature de votre réquisition, je crois préférable de prendre les mesures propres à assurer la confidentialité de nos échanges.

— Ma foi, je n’ai rien à cacher ! Pour autant, je ne vois rien non plus à y objecter. Et si cela nous garantit une franche explication… Faites ! »

Mirawen s’avança solennellement au centre de l’arène délimitée par les hautes colonnes. Ce faisant, elle contacta spirituellement Anya pour lui faire part de la soudaine précarité fondamentale de sa position. La liaison ténue avec son âme sœur lui procura une chaleur et un réconfort ineffables, propre à asseoir son courage et sa détermination face au péril suprême incarné dans la peau du « petit homme ». Elle frappa dans ses mains. Les trente-huit colonnes d’albâtre cendreux s’élevèrent jusqu’à venir soutenir la majestueuse voûte céleste figurant l’ensemble de l’Univers. La lumière de la salle du conseil varia notablement alors que le dôme affichait un bouquet de fleurs astrales, composant chacune quelques fameux systèmes stellaires avec leur cortège de planètes et d’étoiles. La Dame grise contempla en silence le merveilleux ballet de l’ordre cosmique tel que la Créatrice l’avait jadis réglée avant de rejoindre Banur, le juge perfide.

« De par votre entremise et cette robuste bulle d’extravelurs, nous voilà donc totalement isolés du reste de la création, je présume ? s’assura Banur.

— Tout à fait, à une enquiquinante exception près, rien ne peut franchir cette barrière suprême !

— Bien ! Examinons donc les différentes hypothèses qui s’ouvrent à nous !

— Quelles hypothèses ?

— La revue de toutes celles et de tous ceux qui, complotant contre le Dogme, sont susceptibles d’avoir provoqué ce conseil pour détourner mon attention ? J’écarte d’office le seigneur des Créatures et des Mutations : Jubal.

— Il serait tout à fait incongru, pour ne pas dire injuste, de soupçonner votre fidèle le plus aveuglément dévoué, concéda Mirawen, non sans quelque acerbe ironie.

— Nous sommes bien d’accord ! Il y a dans le regard de tueur demeuré de ce corniaud, mi-humanoïde mi-bull-terrier, tant de vacuité bestiale que je m’attends à tout instant qu’il se précipite à mes pieds, me faisant fête, la bave aux lèvres, dans l’espoir atterrant que je lui jette… un os à ronger ! Il n’est assurément pas dans sa nature de prétendre mordre la main du maitre qui le nourrit. Je présume qu’il est inutile d’évoquer ici, le cas… de votre neveu ?

— Inutile en effet, à moins de vouloir passer pour le plus vil des malappris. En mon domaine, hors conseil des Dieux, la simple évocation de ce fat phallocrate matricide est strictement prohibée. Inutile tout autant de vous appesantir sur le cas de Varahul.

— Ce n’était nullement dans mes intentions. Le seigneur des Aveuglements est mon bras vengeur et le plus parfait des bourreaux. J’ai, en lui, une confiance tout à fait… aveugle. Non, le premier nom qui m’est vraiment venu à l’esprit est celui d’Elmodé, dieu tutélaire du plan de la Vie ! Il ne fait guère de doute que le dieu de la Vie me hait !

— Il faut dire qu’il se voyait déjà sur le trône de mon père ! Trône qu’au demeurant vous lui soufflâtes sous le nez !

— Avec votre concours, très chère… avec votre concours ! Reste que son bellissime chevaleresque n’a d’égal que son impétuosité qui, avec sa force et sa hardiesse, bien plus que la valeur de ses armes à l’éclat pareil à celui d’un miroir de bordel, constituent sans doute parmi les arguments les plus percutants qu’il puisse m’opposer.

— Le fait est que le lustre des armes du chevalier au cygne surpasse largement celui de ses talents martiaux. Par ailleurs, pour espérer pouvoir s’opposer à vous de manière un tant soit peu décente, encore faut-il jouir d’un soupçon d’intelligence.

— “ Exit ” donc Elmodé de la liste des suspects ! Hangotti, Aarul et Apphratt.

— Le Corrupteur, le Vaniteux et le Tentateur : l’infâme triplette. Je croyais qu’ils avaient fini par adhérer à votre funeste point de vue ?

— En effet ! Ce sont de bien précieuses recrues. Grâce au concours de ces trois abjections qui, avec talent, flattent éhontément les plus bas et vils instincts de l’humanité, nous parvenons sans peine à confiner celle-ci dans sa fange primordiale. Je n’ai guère rencontré d’équivoque à dissiper les concernant. Dès lors, mes soupçons se sont, si j’ose dire, naturellement, portés sur Hilmar. Un cas intéressant que le dieu des Protections, de l’Honneur et de la Bonté.

— Avec Elmodé, ils forment une jolie paire. Bien qu’Hilmar avec son austère et ténébreux habit de pénitent et son sempiternel tricorne puisse trompeusement passer pour la contrepartie d’Elmodé et de son attirail de foire.

— Même profil, et, bien que dans un style sensiblement différent, même forme de pureté fanatique, drapée dans une virginité et un romantisme radicaux, aussi ridicules que foncièrement équivoques, le tout pétri de préjugés avec un penchant, somme toute, nettement plus prononcé pour le mysticisme et l’exaltation du côté d’Hilmar. En fait, tout bien considéré, Hilmar, le sombre pénitent, me laisse bien plus l’impression d’avoir affaire au dieu des Cons qu’à une menace.

— Il y a sans doute pour vous, bien plus matière à tirer profit de son séidisme qu’à redouter son influence, son ingérence ou ses interactions. Avec un soupçon de doigté, vous pourriez même en faire une de vos jolies petites marionnettes.

— Oui… peut-être ! C’est à voir… même si je n’ai quand même pas vocation à recycler tous les bras cassés de la création. Que pensez-vous de la déesse de la Nature et de la Fertilité ?

— Afindra ? Vous pouvez faire un lot avec sa jumelle : Fraë, la déesse de la Beauté et de l’Instant ! Tendance exhibitionniste, ainsi que toute autre forme de considération, mise à part, je crains que leur allure envoûtante s’avère d’un embarras proprement cardinal, et, in fine, carrément contre-productive.

— J’avoue que ces deux allumeuses, avec leur sacrée manie de se balader constamment dans leur plus céleste apparat, risqueraient fort, au moindre de leur passage dans le Réel, de précipiter une bonne partie de l’humanité dans un maelström passionnel totalement dénué de joie, d’espoir et de salut… Mais comme ces deux splendides cagoles forment avant tout une merveilleuse paire d’idiotes…, je ne pense pas que Valancio se soit encombré de leurs charmes stériles.

— Et Dowen ? tenta une Mirawen, qui sentait désormais les effroyables mâchoires du piège Non-H lui titiller atrocement la gorge.

— Il est vrai que j’ai désavoué le dieu des Maladies. Sa longue et vaine traque de Saint Effer aura fini de le discréditer à mes yeux. Toutefois, je doute que ce fayot squelettique, pour fourbe, pathogène et contagieux qu’il puisse être, ait suffisamment de muscles, de cœur, de sang et de tripes pour oser fomenter contre moi, quelque vendetta que ce soit. Ce paillasson osseux, carpette poisseuse des plus obséquieuses, préfère consacrer l’ensemble de ses ressources à tenter de rentrer en grâce. Enoryl, le dieu de la Justice, en revanche, ferait un bien meilleur conjuré. Remarquablement intelligent, féal d’Umoya, votre si charmante sœur qui, en son nom… ou celui de votre père, m’espionne sans cesse dans mon intimité, sur Everest.

— Peut-être…

— Je crois comprendre votre perplexité. Trop voyant, trop prévisible et finalement beaucoup trop évident. La Justice agit toujours au grand jour, faisant à tout propos œuvre d’édification ! Elle demeure aveugle, éthiquement incorruptible et terriblement indépendante. Autant de vices qui disqualifient en tant que discret relais opérationnel de votre paternel. Umoya fixée, car bien trop occupée à me coller aux basques, les autres ne pouvant réellement espérer faire le poids… vous serez sans doute d’accord avec moi pour dire qu’il ne reste véritablement… que vous !

— …

— Rien à déclarer pour votre défense ? s’enquit glacialement le Non-H, tout en posant pesamment sa serre homicide sur l’épaule nue de la déesse de la Mort… une confession, un aveu, une ultime parole ? rajouta-t-il d’une voix, soudain terriblement éraillée, aussi atrocement métallique que sinistrement dissonante.

— Seigneur Non-H, Juge suprême par la volonté d’Arhune, requérez donc, et, aussitôt, je me soumettrais humblement à votre inquisition souveraine. Essentiellement et substantiellement, j’ouvre de bonne grâce à votre exhaustive instruction, mon temple le plus intime.

— Voilà qui est tout à fait inattendu… dans le secret de votre esprit, en vous, je trouverais donc matière à vous acquitter, à vous absoudre ou… à vous dissoudre irrémédiablement dans l’oubli. »

Mirawen ferma les yeux. Les odieux tentacules spirituels du monstrueux Non-H violèrent littéralement l’esprit de la déesse, éclairant crument de la lumière obscène de son immonde volonté jusqu’au moindre de ses souvenirs, jusqu’au plus fou de ses espoirs, jusqu’au plus vil de ses dégouts, jusqu’au plus intime de ses secrets. Ce faisant, le Non-H perdait peu à peu de sa mâle contenance ; sa grotesque carcasse virant à un éclat métallique terne et mat ; sa serre meurtrissant âprement la chair délicate d’une déesse Grise remarquablement impassible.

« J’avoue que je n’imaginais pas l’ampleur du dégout que ma personne vous inspire. Elle est belle votre soi-disant “ bienveillante neutralité ”. En fait, rien chez moi ne trouve grâce à vos yeux, et, en la matière, votre exécration ne souffre d’aucune singularité. Toutefois, contrairement à votre père, à votre sœur ou à Enoryl, vous ne vous bercez d’aucune illusion.

— Le rêve et l’espoir n’ont point leur place en mon domaine, répondit Mirawen avec un détachement proprement glacial.

— Position que je partage et que je respecte. Pour autant, votre haine à mon encontre est absolue et ne soutient aucune comparaison… Pourquoi, détestez-vous tant ma Non-Haine de l’humanité ? Pourchasser le désordre, l’entropie et l’anarchie à travers tout l’univers pour en expurger le chaos, tel est mon Saint Office. La seule voie qui vaille en définitive pour préserver l’harmonieuse symétrie originelle voulue par Arhune… En fait, vous haïssez moins mon projet… que ma résilience… votre hostilité pour essentielle qu’elle soit, n’est, au final, en rien personnelle : vous abhorrez juste tout ce qui prétend échapper à votre emprise… Avant tout, c’est votre propre impuissance qui vous est insupportable… Vous obéissez fidèlement, ou plus justement filialement à votre père, mais vous ne croyez aucunement dans ses chances de victoire… Comment pourrais-je vous tenir rigueur d’être aussi lucide ? »

Reprenant une consistance plus humaine, Banur retira ses tentacules obscurs de l’esprit et sa main de l’épaule de Mirawen y laissant fugitivement de bien sombres et hideuses marques.

« Déesse tutélaire ou Non-H, pouruivit Banur, nous restons, avant tout, des fidèles serviteurs du Dogme ; comme frère et sœur, ne vous déplaise, en inhumanité. Quel intérêt, dès lors, aurais-je à vous éradiquer de la Création ? Il me faudrait vous trouver un remplaçant, et, nous savons bien tous deux, désormais, que je ne pourrais guère escompter dénicher aussi sage et brillant seigneur funeste que vous. Vous êtes mon ennemie ! La belle affaire ! Vous et votre pitoyable bande de conjurés à la manque pouvez continuer à conspirer tout votre soûl tout en ruminant l’évidence de votre impuissance. Je n’ai strictement rien à craindre de vous ou de vos amis… pas mêmes de votre père. »

Banur, le visage atrocement barré de son sourire le plus sarcastique, tira une longue bouffée, ranimant pour le coup le fourneau de sa pipe tout en enfumant les limbes d’une nauséabonde nuée bleutée.

« Je suis proprement enchanté que nous ayons pu avoir cette franche conversation. Je vous absous donc de l’ensemble de vos péchés. Au plaisir, Madame, de vous revoir tantôt, pour votre déplaisir le plus souverain, j’imagine, lors de ce prochain conseil des Dieux »

Banur disparu, Mirawen leva la cloche d’extravelurs avant de contacter Anya. Elle lui confirma ses ordres tout en fixant pensivement l’issue invisible que Banur venait d’emprunter.

« Souffrez, sombre et tout-puissant seigneur Banur, marmonna-t-elle entre ses dents serrées, que je tire des limbes, celle qui va jeter à bas votre pédante et odieuse tyrannie ! »

Les regards rougeoyants de la garde d’honneur de la déesse de la Mort ne lâchaient pas, ne serait-ce que d’un simple chronon, les deux divinités qui les passaient en revue. Figés dans un garde-vous des plus comminatoires, cette double rangée de titanesques golems de chair, monstrueux amalgames d’os brisés et de chairs à demi-putréfiées, constituait l’arroi redoutable responsable de la sécurité du Daross, le palais de marbre laiteux servant d’appartements intimes à la déesse Grise. Les deux divins visiteurs composaient, à plus d’un titre, une paire parmi les plus improbables, mal assorties et contrastées qui fut, soit, et sera… À gauche, la belle Umoya au teint de pêche blanche et au regard lilas, déesse de la Connaissance, fille de Valancio, et, par voie de conséquence, sœur de feue Sin-Zu, ex-gardienne tutélaire de l’Imaginaire, ainsi que de l’hôte de céans : la grise Mirawen, régente funèbre du plan de la Mort. À droite, celui à côté duquel la très gracile Umoya apparaissait, trompeusement, pareille à une brindille d’une délicatesse et d’une vulnérabilité extrême : Enoryl. Enoryl : dit « le gros bigleux », dit « le big élégant » ; répondant aussi parfois, quoique systématiquement avec vigueur, aux sobriquets peu amènes : du « vengeur amblyope », de la « divine savate » ou de « l’immanente balance » ; plus vulgairement connu comme dieu universel et champion toute catégorie de la Justice. De fait, cette vertu cardinale était par la présente fort sévèrement personnifiée sous les traits d’un humanoïde râblé et un poil teigneux, bien que toujours tiré à quatre épingles, le plus souvent dans des pompes et des costumes trois-pièces hors de prix, mettant très élégamment en valeur une stature d’athlète, une musculature péplumienne, un teint d’ébène, un rien cireux, une calvitie proprement rutilante, sans parler d’une magnifique paire de favoris liliaux. Quant aux symboles essentiels de Thémis, la cécité d’Enoryl soulignée par l’opacité des verres iridescents de son binocle lui tenait lieu de bandeau, l’équilibre constamment précaire de son pince-nez avait tout de celui d’une balance, et, concernant le glaive vengeur, à la lame dénudée dépourvue de fourreau, il se résumait sans nul doute à une monstrueuse et intimidante paire de battoirs, prompte à la mandale judiciaire, à la poire calotine voire au garrot inquisitoire. La Connaissance et la Justice personnifiée s’engagèrent enfin dans le grand escalier menant aux colossaux propylées eux-mêmes encadrés par deux immenses et forts singuliers obélisques en or-platine massif. Les deux divinités débouchèrent dans le jardin secret des Morts, cadre parmi les plus sereins de toute la création, composé d’un vaste tapis de cendres éternelles, perpétuellement ratissé selon un entrelacs infini et harmonieux de lignes ondoyantes et parallèles, tracées au gré de la météorologie intérieure du conscient et de l’inconscient de la déesse Funèbre. Au cœur de cet improbable jardin minéral, une grande fontaine d’or et d’ivoire déversait, sans fin et alentour, des flots de cendres pulvérulentes. Au centre de cet imposant jeu chryséléphantin de scories, se dressait, en surplomb de l’ensemble, un piédestal sur lequel se tenait la déesse de la Mort. À l’approche des deux divins visiteurs, la douce Anya qui, jusque-là, enlaçait tendrement sa dame grise au niveau de la taille, toussota tout en se détachant de l’élue de son cœur. Mirawen se retourna en direction de sa sœur et de son ami. Après un cheminement sinueux sur une étroite chaussée formée d’une mosaïque d’orgues volcaniques érodées, les divinités de la Justice et de la Connaissance rejoignirent celle de la Mort assistée de la gardienne des âmes. Après avoir recueilli l’assentiment de ses confrères, la déesse Grise convoqua le seigneur Catharsis. Aussitôt, le grand humanoïde hâve et étique apparut, venant compléter le cercle des conspirateurs avec, somme toute, une élégance empreinte de la plus hautaine des distinctions. Alors que l’immense échalas astiquait machinalement son monocle, Mirawen considéra un sillon isolé qui composait une des trajectoires les plus longues scarifiant son vaste jardin de cendre.

« Puisses-tu, ô, ma très chère sœur, incarner le pire cauchemar de Banur ! déclama-t-elle avant de se tourner vers ses co-conjurés.

— Le grand jour, enfin ! plaisanta Enoryl… Il ne nous reste plus qu’à vaincre ou périr !

— Banur est au courant de notre conspiration ! lâcha avec fraicheur la déesse Funeste, douchant sèchement par la même l’enthousiasme général.

— Comment la chose est-elle possible ? s’enquit la docte Umoya.

— J’ai eu l’éminent déplaisir d’avérer ses soupçons.

— C’est de la pure folie ! s’exclama Enoryl. Qu’est-ce qui t’a pris ?

— Pressée par la serre de l’inquisiteur suprême, j’ai jugé qu’être diluée dans l’oubli n’était pas forcément la meilleure manière d’être encore utile.

— Si nous sommes démasqués, il nous faut renoncer à nos projets, affirma le dieu de la Justice.

— Je ne suis pas d’accord. Je pense au contraire que mon père a tout à fait anticipé l’éventualité de mon passage sous Les Fourches caudines de la très Sainte Inquisition… Cela aura juste achevé de me convaincre du bien-fondé de sa thèse.

— Seule l’humanité a une infime chance de nous sauver ! rappela Umoya. Espérons juste qu’une fois ressuscitée, notre sœur ne se pique pas de redevenir déesse… sous peine de devenir aussi peu redoutable pour Banur que nous le sommes nous-même.

— En effet ! Et connaissant son caractère, il n’y a guère matière sur ce point à faire preuve d’un optimiste débordant, reconnu Mirawen, non sans un soupçon de perfidie sororale. Toutefois, en pénétrant dans la cage des fauves, les pessimistes et les optimistes possèdent foncièrement les mêmes chances de survie. Alors bon ! Autant passer à l’offensive ?

— …

— Catharsis ?

— Maitresse ?

— Vous êtes le premier à entrer en scène. Infiltrez-vous dans le Réel ! Toutefois, vous vous contenterez, pour l’heure, d’observer. Hors de question de donner prétexte à Banur pour anticiper dramatiquement l’immense bouquet final qu’il réserve en guise d’apothéose suprême à la présente Création.

— Il sera fait selon votre volonté, ô, ma Dame !

— Bien ! Que cela ne vous empêche pas pour autant, par tout et en tout, de brandir haut nos couleurs, et, par la même occasion, de moucher les fâcheux, les contempteurs et les défaitistes qui s’aventureraient à dénigrer le triomphe nécessaire de l’héroïque Humanité. »

Alors que Catharsis, au garde à vous, disparaissait, non sans avoir au préalable vigoureusement frappé de son poing sa fière quoique caverneuse poitrine, Mirawen sourit à Anya en se fendant d’un léger clin d’œil.

« Pensez-vous qu’il soit vraiment de taille à remplir le rôle qu’entend lui voir jouer Valancio ? interrogea le dieu vengeur de la Justice ?

— Je connais bien mon Catharsis ! assura Mirawen, il ne devrait guère pouvoir se retenir bien longtemps avant de montrer son vrai visage. Derrière ce faciès grave et austère se cache la créature divine possédant le plus d’empathie envers l’Humanité. Il n’est pas seulement le meilleur et le plus puissant de mes serviteurs… il est surtout le seul capable d’outrepasser le mandat que vient de lui confier sa déesse tutélaire ! »