DOMA

Doma est le régent du plan des Rêves… et des cauchemars. Rejeton parténogénésiaque imaginé par Sin-Zu, Doma est polymorphe par essence. Il voue une haine aussi tenace que funeste à tout ce qui se rapporte de près ou de loin à sa darone. Aussi, nourrit-il une répugnance singulière pour notamment : les Arts et la Culture ; le Réel ; l’Humanité au sens large du terme avec, toutefois, une mention spéciale à l’encontre des Bohèmes et le libre arbitre…
Extraits & Citations :
Le prince trônait entre deux portes allégoriques. L’une d’elles captait la pâle et éclatante lumière d’une lune bienfaitrice, alors que l’autre n’était qu’une ombre maléfique projetée par un sombre soleil grouillant d’immondes larves fantasmagoriques.
Doma rayonnait de cette aura incandescente propre à tous les dieux. Selon son humeur et son inspiration, l’éclat de sa formidable beauté pouvait briller d’un charme trouble ou se voiler d’une nuée aveuglante de haine. Polymorphe par nature, son apparence résistait à toute tentative de description. Il émanait de sa personne, outre son aura divine, une falaise vertigineuse de virilité tant sauvage qu’ambivalente. Il aimait ciseler son allure d’ombre et de lumière. On ne retenait de son visage que l’empreinte obsédante de sa bouche obscène si prompte à susurrer de voluptueuses paroles ou à vomir des flots de haine infecte. Ses lèvres, ardentes et charnues, paraissaient toutes droites sorties d’un songe, étrange et pénétrant, où le désir chevauchait la terreur et la luxure copulait avec l’horreur. Quand le Balzath salua avec déférence l’élégante et auguste décadence, d’un claquement de mains las, le putatif seigneur des songes fit disparaître le fantasme orgiaque mettant en scène de lascives suppliciées tourmentées par de lubriques vestales toutes soumises à sa divine autorité. Il se plaisait à recevoir ses hôtes en toute quiétude et simplicité au seuil même de son royaume. Affichant comme de coutume une courtoisie de façade propre à masquer son mépris de la gangrène humaine, il rendit son salut à Morsubite. Il n’aimait pas les humains. À peine leur concédait-il d’effleurer son empire barricadé, et encore parce que l’article vingt-sept du Dogme le lui imposait. Cependant, rien dans l’éminent règlement n’interdisait le dédain et la haine de cette écœurante fange composée d’un pullulement copulatoire de races dévoyées. De fait, l’image parcellaire et révélatrice de leurs rêves ne trahissait que trop, à ses yeux, la lamentable futilité de leurs aspirations, leur insoutenable servilité ou leur sempiternelle et méprisable lâcheté. Aussi, redoutant que la souillure en provenance du Réel contaminât son royaume, Doma portait une attention toute personnelle à l’ensemble des flux migratoires et n’accordait qu’au compte-gouttes le précieux sésame donnant accès à son plan.
Soudain, il s’empara de l’esprit de Mortsubite pour, à regret, s’aventurer dans le monde réel. Expérimentant désormais l’univers tangible au travers des sens de sa marionnette, Doma eut tôt fait de comprendre la nature et l’origine des éléments contraires. Autant dépité que résigné, il huma l’atmosphère pestilentielle de ce plan honni, temple d’un hasard détestable. Il n’appréciait guère cet espace à ces yeux immonde, qui, plus que de l’indisposer, lui soulevait littéralement le cœur. Aussi, ne tarda-t-il guère à mettre un terme à son ubiquité temporaire pour à nouveau faire face à Morsubite. Tout en retirant prestement sa main de sa bouche obscène, Doma, en proie à un atroce haut-le-cœur, ravala, de peu, une généreuse gorgée de fiel.
Le pervers prince des rêves et des cauchemars avait l’art et la manière d’exhorter ses sbires en tirant bassement parti de leur candeur et de leur crédulité, tant ces derniers, par nature il est vrai, étaient prompts et enclins à prendre leurs rêves pour des réalités.
« Ainsi, poursuivit-il perfidement, tu pourras choisir librement ta porte et faire tienne notre sainte devise : “ à quoi bon vivre, lorsqu’il vous est donné de rêver ? À quoi bon cette sordide réalité, lorsqu’il est possible de jouir sans entrave de tout ce qu’il est imaginable ? ” »
Ce faisant, il surprit le gouverneur des lieux en pleine orgie en compagnie d’une foule d’Anghurs lascives, tout acquise aux plaisirs vénériens et à la lubricité de leur auguste, et fort excessivement viril, seigneur et maître. De toute sa mâle nudité, exhibant triomphalement une érection ridicule de démesure, Doma se dressa, d’un bond félin, du trône décadent de sa mère.
« Comment oses-tu, faquin, reparaître ainsi, impénitent, devant ton DIEU ! tonitrua théâtralement, le régent des Rêves tout en adoptant l’outrancière et très marmoréenne allégorie guerrière, figurant un hoplite de “ backroom ”, aussi glabre, huilé et doré que ridiculement bouclé.
Furieux, Doma pointa pompeusement sa lance rutilante en direction de la poitrine délicate de son impeccable adversaire débraillé.
« Comme jadis, je m’en vais, à l’aide de ce puissant épieu, pourfendre l’affligeant simulacre avec lequel tu t’ingénies à me narguer depuis trop longtemps, souillant impunément mon regard, mon honneur, et ma personne ! postillonna, avec emphase, le beau héro de pacotille. Mais, prends garde, perfide ! Sur le trône auguste qui justement m’échoit, j’en fais solennellement le serment : de merci, il n’est assurément plus question ! C’est définitivement que tu vas mordre la poussière !