Notes

Très glorieux Prince de l’armée céleste, saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat et la lutte qui est la nôtre contre les Principautés et les Puissances, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans les airs. Saint Michel, de par sa fonction d’Archange, est un messager céleste. Son combat contre les forces du Mal lui permet de cumuler également les fonctions d’ange-gardien et de combattant, ce qui fait de lui le protecteur idoine, quoique secondaire selon certains esprits chagrins, de la monarchie française, et ce, depuis Clovis au bas mot : saint-Michel était invoqué pour la bénédiction de la bannière royale ; l’apparition de l’archange en 708-709 sur le mont Tombe provoqua l’érection d’un oratoire sur l’autel duquel les compagnons de Charles Martel seraient venus faire bénir leurs épées ; la création de l’ordre de Saint Michel par Louis XI le 1er août 1469 à Amboise, second ordre crée en France après l’ordre de l’Etoile, tombé alors en désuétude, relégué au second plan quoique relevé, par la création de l’ordre du Saint Esprit en décembre 1578, transformé en une sorte d’ordre du mérite ouvert aux civils par Louis XIV, supprimé à l’été 1791, rétabli par Louis XVIII en 1814, transformé en ordre du mérite civil à compter de 1816, supprimé après 360 ans d’existence le 14 août 1830 par Louis-Philippe, et considéré depuis comme le précurseur de l’ordre républicain des Arts et Lettres ; Jean-Philippe Rameau a été nommé chevalier de l’ordre de Saint-Michel en 1764, la même année qu’il reçoit ses lettres de noblesse et peu de temps avant de défuncter… Aussi, si l’invocation protectrice de l’archange gardien par le bedeau de l’église saint-Eustache apparaît tout à fait conforme tant à ses émois, aux circonstances qu’aux us et coutumes potentiellement en vigueur à l’époque des faits évoqués, la lettre en devance un poil la révélation de 120 piges au bas mot. De fait, ladite puissante supplique a été composée le matin du 13 octobre 1884 suite à une violente illumination liturgique par sa sainteté le Pape Léon XIII ; elle constitue depuis le socle du petit exorcisme du même Léon XIII.

La statue de l’archange Saint Michel : l’érection de la statue actuelle de l’Archange Saint Michel qui trône au sommet de l’abbaye du mont Saint-Michel et de sa Merveille à 156m au-dessus du niveau moyen de la mer (ce qui laisse foutrement perplexe au regard du marnage mahous observé dans le coin, à savoir 14,15m pour un coefficient de marée de 119 – sur 120 purement théorique – le 21/03/2015 et constituant à date, le record Européen dans la catégorie), date du 06 août 1897. Paratonnerre de plus de 6m de haut pour 520kg, force est de constater que Saint-Effer, ses exploits, sa renommée, son auréole et son égo s’y seraient indubitablement senti méchamment à l’étroit. Aussi, au 13 septembre 1764, la flèche de l’abbaye devait-elle être couronnée par une toute autre statue, bien plus conforme au modèle originel, à savoir le très chauve, le très bodybuildé et très rouflaquetté Saint-Effer. Un oeuvre assurément formidable et prétendument impérissable, mais disparue depuis, sans laisser de trace.

Les orgues de Saint-Eustache : signalées dès 1559, les orgues de Saint-Eustache sont indissociables de l’histoire de l’Eglise qu’elles honorent. La première pierre de l’église actuelle est posée en 1532 sous François 1er-. Elle est consacrée en 1637. En 1655, son paroissien alors le plus illustre, à savoir Jean-Baptiste Colbert, se pique de faire aménager deux chapelles sous les tours de la façade. Les modifications apportées, toutefois, en compromettent gravement la solidité. Tant et si bien qu’on doit se résoudre, autour de 1747, à démolir le portail originel, pour le reste demeuré inachevé, ainsi que la première travée de la nef et ses bas-côtés. Il faut attendre 1754 pour que soit posée la première pierre de l’actuel portail qui, faute d’argent, restera, lui aussi, inabouti. En 1788, il est question d’acquérir un nouvel orgue. Notre récit esquisse une glorieuse fin alternative pour l’instrument pourtant porté disparu entre 1754 et 1788. Jean-Philippe Rameau ayant été près de quarante ans organiste professionnel (jusqu’en 1738, date à laquelle il abandonne sa charge d’organiste chez les Jésuites et pour le compte de l’église Sainte-Croix de la Bretonnerie), et, bien qu’il n’ait légué aucune pièce musicale pour orgue, on n’ose imaginer (quoique compte tenu du loustic) un rejet si radical de sa part de l’instrument, qu’il envisageât pour ses funérailles, un temple qui en aurait-été dépourvu. Fatalité d’autant plus cruelle que : l’orgue de Saint-Eustache, après bien des vicissitudes, avec ses 101 jeux pour 147 rangs et 8000 tuyaux, constitue, depuis 1989, le cinquième plus grand orgue de France ; il jouit ainsi d’une palette sonore et d’une personnalité si extraordinaires qu’elles lui confèrent, désormais, une notoriété proprement mondiale.

Quartier Saint-Eustache en 1764 : Jean-Philippe Rameau meurt d’une « fièvre putride » le 12 septembre 1764 dans l’appartement qu’il occupait au niveau de l’actuel 11 rue des bons Enfans (cf infra : cercle rouge), dans la paroisse de St-Eustache. Le quartier était, alors, en plein bouleversement. L’hôtel de Soisson dont l’entrée était placée en face du portail de St-Eustache, lui-même, alors, en cours de reconstruction, a été détruit en 1748 (il n’en reste que la colonne Médicis, élevée en 1574 et toujours adossée à l’ex-Halle aux blès/Bourse du Commerce). A sa place s’ouvre en 1763, le chantier de la nouvelle Halle aux blés sous la direction de Nicolas Le Camus de Mézière. L’édifice sera achevé pour l’essentiel en 1767 et couvert d’une coupole en 1783. Après une paire d’incendie, l’édifice sera reconstruit, et, finalement, attribué à la Bourse du Commerce à compter de 1885. Il abrite aujourd’hui l’un des musée dédié à la Pinault Collection.

La Croix-Neuve/jean-Bigue/Jean-Bigne: Croix disparue vraisemblablement au cours de la seconde moitié du XVIII siècle. Le bedeau fait une courte pose sur le parvis de St-Eustache (cf image ci-dessus) à la croisée de la rue du Jour et de la rue Trainée. S’accordant une courte pose, Il contemple la façade baignée de ténèbres de l’église dont le portail est alors en reconstruction. La Croix-Neuve fait face à l’église (cf image supra) entre les rues Coquillère et Trainée. Cette dernière (en face, à droite, longeant la façade sud de l’église sur l’image supra) était aussi connue en 1763, comme la rue de la Croix-Neuve, dans sa partie occidentale, son extrémité orientale qui conduisait à la sacristie de St-Eustache, étant surnommée, la ruelle au Curé. Avant sa rénovation, la Croix-Neuve était connue comme la croix Jean-Bigue ou Jean-Bigne. Si son existence est toujours attestée en 1739, il n’est pas certain qu’elle soit encore là en 1764, victime peut-être de la destruction de l’hôtel de Soisson en 1748 ou des chantiers en lien avec le portail de St-Eustache (sa démolition en 1747 ou sa reconstruction à partir de 1754), ou, enfin, du fait du chantier de la halle aux blés et de la refonte du quartier à compter de 1763.

Source : Paris et ses faubourgs en 1763 – Louis-François Deharme,